Chers Collègues, Chers Amis de la SE,

La refonte du site de CEFoRT a ouvert la possibilité d’envoyer une «Newsletter». Un certain nombre d’entre vous s’y sont déjà inscrits ce qui leur permettra d’en profiter régulièrement.
Voici donc notre 1^ère Newsletter CEFoRT.

En ces temps très difficiles pour la plupart d’entre nous il me semble important, comme la SE le suggère, de rester orienté dans « l’ici et maintenant » avec la passion de la ressource et du lien. Se sentir appartenir, avec gratitude, à la communauté des praticiens SE, elle même inscrite dans la vaste communauté des thérapeutes humanistes, est pour moi une de ces belles ressources.

Gratitude

Le discours accompagnant la remise de ce prix 2020 m’a beaucoup touché tant il ravivait une expérience personnelle : mon étonnement lorsque j’ai assisté pour la 1ère fois à une démonstration de Peter.

A l’époque, nous étions, rapporte le président du « Psychotherapy Networker », à l’ère de la « thérapie par la parole d’une personne apparemment sans corps ». Et qu’avons-nous vu dit-il ? : un psychothérapeute, Peter, qui prêtait une extraordinaire attention et présence incarnée, non pas tellement à ce que son client disait et/ou à ses émotions, mais à ses micro mouvements, à son rythme respiratoire et cardiaque, à la couleur de son visage, à ses changements de posture, au flux de ses sensations corporelles, moment par moment… Et nous étions témoins ensuite de l’émergence très rapide chez ce client de profondes transformations semblant venir de nulle part… comme si un prestidigitateur sortait un (ou des) lapin(s) de son chapeau.

Le Président du prix conclut sa présentation par ces remerciements auxquels je me permets de m’associer : Peter, au nom de toutes les personnes dont tu as transformé le travail et la vie, Merci pour ton extraordinaire contribution au champs de la psychothérapie. J’ajouterais : Merci de m’avoir permis, avec d’autres, de me reconnecter à l’essentiel : l’amour de l’autre et de moi-même.

Comment je suis venu à la SE

J’ai eu personnellement l’opportunité de bénéficier d’une démonstration de Peter devant un groupe d’étudiants à Zurich en 2003 et le soir même j’ai développé une forte réaction inflammatoire qui m’a stupéfiée.

Qu’une simple séance de 15-20 minutes autour du thème de l’orientation puisse entraîner une si intense réaction somatique m’a convaincu, un peu à mes dépens, de la puissance de la SE.

Quelques jours plus tard, à la fondation JUNG de Zurich, j’assistais à une conférence de Peter et j’ai pu constater à quel point la vidéo qu’il présentait avait stupéfié les dizaines de thérapeutes chevronnés présents : en une seule séance et en traduction consécutive, un ouvrier brésilien rescapé d’un grave accident de circulation revisitait la plupart des grands archétypes jungiens qu’ils avaient mis des années de thérapie à explorer.

Nous avons été nombreux à vouloir comprendre et reproduire ce type d’expérience, qui pour ma part a changé ma vie.

Quelques mois après je commençais ma formation à la SE en Hollande avec Larry HELLER et Raja SELVAM et, de nombreuses années après, j’avais la grande chance de commencer à enseigner la SE en Belgique francophone et en France avec le soutien de nombreux assistants et d’Isabelle Le Peuc’h.

La simplicité de sa méthode continue chaque jour à m’émerveiller même si comme dit Jung : « L’art de laisser les choses arriver, l’action par la non action, ce serait si simple… si la simplicité n’était pas souvent la plus difficile des choses ! »

Ce que Peter en dit à ce jour

Dans ses remerciements, Peter souligne que tout son travail a été de montrer, puis d’enseigner, que ce qu’il proposait n’était en rien un travail de prestidigitateur ou de shaman mais le résultat d’une compréhension, accessible à tous, de ce qu’est le traumatisme et sa résolution. La SE n’est fort heureusement pas une thérapie réservée aux Happy Few « Privilégiés » !

L’essence de cette compréhension est que la résolution du traumatisme au niveau cognitif et émotionnel est très limitée si nous n’aidons pas les personnes à d’abord réguler leur fonctionnement physiologique de base qui a été dérégulé, chose qui ne peut que très rarement se faire par la parole seule. Cette « essence » reste malheureusement encore trop souvent ignorée ou négligée.

Une actualité passionnante

Pour en revenir à la situation totalement inédite que nous vivons, elle nous confronte à notre ignorance et à nos limites, à nos fantasmes de perte et de manque, à nos tentatives de reprendre le contrôle, à la disparition de nos repères habituels.

Et une série d’options s’ouvrent à chacun : ré-apprendre à ne pas savoir, rester humble, oser la joie quand on côtoie le difficile, lâcher ce qui n’est plus, accepter, contribuer, soutenir, créer…

« Ne rien avoir contre ce qui Est… » serait la voie vers le bonheur selon KRISHNAMURTI.
« Le malheur arrive, le bonheur est à construire » nous dit André COMPTE SPONVILLE.

Depuis toujours et à tout moment notre vie a pu basculer : tout va bien, nous sommes heureux… et un virus émerge, une minuscule artère se bouche, un obstacle inattendu se met sur notre route, un ami(e) nous quitte ou nous trahit…

POUR QUE LA MENACE DEVIENNE OPPORTUNITÉ

Même si les séances en présentiel ne peuvent être maintenues, nos clients ou patients ont plus que jamais besoin de leur thérapeute. Les fédérations et associations de thérapeutes proposent des guides pour recourir aux technologies les plus sûres pour les séances à distance.

Et la SE nous rappelle que face aux évènements potentiellement traumatiques sur lesquels nous n’avons pas de prise, nous pouvons mettre en place les conditions d’une régulation optimale de notre système nerveux afin de :

1. Ne pas rester figés au-delà de la période nécessaire si nous nous figeons (en se souvenant que le figement est au départ un mécanisme qui a pour but de nous sauver la vie)

2. Rester autant que possible en dessous du seuil de figement et ce grâce à quelques moyens relativement simples :

Bouger car le mouvement est l’antidote du figement ;
Nous relier (la distance physique et la distance sociale ou affective sont des choses très différentes !) ;
Nous orienter et définir une direction, même modeste, même à court terme
Nous enraciner et percevoir la force de gravité, cette force immuable qui nous relie à la terre et autour de laquelle nous nous organisons psychiquement et physiquement ;
Nous connecter le plus souvent possible à notre propre élan vital ou pulsion et pulsation de vie (notre Blueprint) ;
Nous orienter dans l’ici et maintenant vers les ressources ;
Titrer, titrer, titrer… le plus possible les flux anxiogènes inévitables ;
Discerner le plus objectivement possible le Désagréable du Dangereux ;
Rester le plus possible curieux car la curiosité est l’antidote de la peur ;
Valoriser toute opportunité, même infime, de créativité
….

Avec l’espoir que cela vous inspire et vous soutienne.

Somatiquement vôtre,

Michel Schittecatte avec l’aide d’Isabelle le Peuc’h